Édito

Prendre soin de nos intelligences

Alors que s’ouvre cette 28e édition du Festival du film de Contis, plusieurs sentiments nous animent. Le premier, c’est la joie pure de vous retrouver. Rien de plus précieux que de ressentir l’énergie des festivaliers, habitués comme nouveaux-venus, artistes, professionnels, bénévoles, collégiens et lycéens qui font de ce rendez-vous une fête qu’on a plaisir à rejouer ensemble chaque année. Le second, c’est l’envie, impérieuse, de continuer à défendre le cinéma indépendant. Contre la machine à formater, il convient de se mobiliser pour faire face à des acteurs dont l’ambition économique risque de mener à un appauvrissement globalisé de nos imaginaires.

Sur le papier, c’est un peu David contre Goliath : d’un côté, les milliards d’euros investis annuellement par les plateformes numériques, de l’autre, un réseau dense de milliers de salles et de festivals de cinéma. Ainsi s’affrontent deux visions du monde et du médium cinématographique : l’une est économique, l’autre est sociale et artistique. Ce qui est en jeu ? Notre temps libre, notre attention, notre esprit. Comme l’a résumé Reed Hastings, le fondateur de Netflix : « Notre seul concurrent dans cette industrie, c’est le sommeil. ». Une phrase glaçante qui a le mérite de nous éclairer sur les motivations de ces mastodontes américains et leurs conséquences sur nos pratiques culturelles.

Ce qui nous inquiète est l’effet de cette prédation : le dessèchement du langage cinématographique au profit de l’efficacité et de la séduction des images. Quels qu’en soient les sujets, la quasi totalité des productions des plateformes semblent être faites de la même étoffe et obéir au même impératif de la vitesse. Cette dernière nous enchaîne aux images, saisit notre attention pour ne plus la relâcher. L’arrivée des techniques d’intelligence artificielle pourrait renforcer cette tendance à l’automatisation. Plus faciles, plus rapides et moins coûteuses, elles pourraient progressivement faire disparaître l’humain du processus de création.

Face à ces perspectives, nous souhaitons réaffirmer ici ce qui nous meut et qui est pour nous l’essence du cinéma. Nous sommes du côté des œuvres, de la prise de risque et de la durée. Nous sommes du côté de l’incalculable, du sauvage et de l’indomptable. Nous chérissons la possibilité de vertige, du surgissement accidentel du réel et de l’invisible.

Contis Culture et Cinéma a pour but de diffuser le plus largement des films qui stimulent ceux qui les regardent, et non qui les hypnotisent. Notre association a aussi comme objectif de sensibiliser les plus jeunes à ces enjeux ; leur donnant – grâce au court métrage – des outils d’analyse renforçant leur esprit critique. Soucieux de l’avenir, nous soutenons également l’accompagnement des cinéastes qui, demain, continueront, par l’originalité de leurs regards, à nous émanciper.

Courts ou longs, les films à découvrir cette année portent cette ambition. Nous espérons donc qu’ils réussiront à vous surprendre, que l’imprévisibilité des artistes enrichira votre esprit comme il a nourri le nôtre. Ensemble, prenons soin de nos intelligences.

Bon festival !

L’équipe du Festival du film de Contis

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