Édito

Des cailloux

Soyons sérieux, parlons cailloux.

Commençons par le plus pénible, celui qui vient se loger dans votre chaussure en plein effort. Celui-là, mieux vaut l’enlever si vous voulez poursuivre votre course sereinement. Dans la chaussure de Contis Culture et Cinéma il y en a un gros qui rend très difficile la projection de notre travail culturel. C’est un biface. D’un côté y est inscrit : « Que va devenir le Cinéma de Contis ? » ; de l’autre : « S’il n’y a plus de cinéma, que va devenir son festival ? ». Deux questions que l’on se pose et que l’on nous pose sans cesse, qui agitent notre esprit et nourrissent de nombreuses rumeurs. Deux questions… auxquelles nous n’avons pas encore de réponse ! 

Heureusement, il y a aussi les cailloux que l’on sème. Car, malgré tout, nous poursuivons notre chemin avec conviction. Notamment en augmentant significativement nos interventions cette année, des classes de primaires aux collèges en passant par les centres de loisirs. Un travail de terrain, qui a touché près de 300 enfants et adolescents, et qui met l’accent sur l’importance de la formation du regard dès le plus jeune âge pour affronter un monde où tout se manipule, surtout les images.

Sur ce chemin escarpé, le Festival du film de Contis est comme un gîte composé de dizaines de galets, choisis avec le plus grand soin. Nous sommes fiers de vous en présenter la substance dans ce catalogue et de pouvoir, cette année encore, mettre en valeur des cinéastes qui bousculent les codes et les représentations. Des cinéastes à qui nous donneront plus largement la parole lors des nouveaux « apéros-rencontres » quotidiens, à l’occasion de la masterclasse Comett ou encore en salle lors des différentes rencontres. Car voir un film ensemble, c’est bien, mais avoir l’espace pour en parler, confronter nos points de vue, ouvrir le débat sur un sujet brûlant (il y a de quoi faire en ce moment), c’est mieux.

Alors, que deviendra le Festival du film de Contis ? En attendant la réponse, nous vous invitons à savourer pleinement cette 29ᵉ édition. Réjouissons-nous de ces moments uniques que l’on sait si fragiles. Profitons encore de ce cinéma si particulier, situé dans ce village si attachant. Allongeons-nous sur la plage après une séance, pour y faire glisser entre nos doigts le sable chaud, ces minuscules bouts de cailloux, résultat de processus millénaires, qui seront toujours là, quoi qu’il advienne.  

Mathias Fournier et Magali Poivert
Co-délégués généraux du festival